Historique de l’EFLC

Historique de l'EFLC
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De 1923 à 2023, cela fait 100 ans que la Mission Fraternelle Luthérienne (MFL), l’œuvre
missionnaire de The Church of the Lutheran Brethren of America (CLBA) est reconnue
officiellement, laquelle mission créera l’Eglise Fraternelle Luthérienne au Nord Cameroun
(EFLNC)
reconnue par le décret présidentiel n°69/DF/154 du 26 avril 1969. Par la suite, par le
décret présidentiel n°2016/211 du 25 avril 2016, va entériner en Assemblée Générale
l’appellation de l’Eglise, en « Eglise Fraternelle Luthérienne du Cameroun » (EFLC).
Pour rappel, l’Eglise Fraternelle Luthérienne d’Amérique tire ses origines en Norvège. Vers la
fin du XIXe siècle, l’Eglise Luthérienne de Norvège, Eglise d’Etat, a connu un réveil spirituel
sous l’instigation d’un laïc Hans Nielsen HAUGE et d’un Professeur de la faculté de théologie
d’Oslo, GISLE Johnson. Ce réveil était une réaction contre la tiédeur de l’orthodoxie de l’Eglise
et le cléricalisme des Pasteurs.
Le message de HAUGE et GISLE portait sur la conversion personnelle, la piété, l’importance de
l’étude biblique, et la prière dans la vie chrétienne et la participation des laïcs aux services
cultuels et à la gestion des communautés. Ce mouvement de réveil aboutit à la création des
communautés indépendantes qui formèrent en 1877, « l’Eglise Evangélique Luthérienne Libre
de Norvège
».
Entre 1880 et 1900 beaucoup d’Européens et parmi eux des Norvégiens ont émigrés aux Etats-Unis. Les chrétiens norvégiens émigrés en Amérique ont gardé leur identité. Les uns étaient
attachés à l’Eglise d’Etat et les autres à l’Eglise Evangélique Luthérienne Libre. Chaque groupe
forma son synode. Plusieurs autres synodes virent le jour par la suite et en 1888 le Luthéranisme
Norvégien américain comptait quelques six synodes.
En 1897, K. O. LUNDEBERG, d’origine Norvégienne et influencé par le réveil de HAUGE,
Pasteur de la Norwegian Evangelical Lutheran Church of America, fut expulsé de son Eglise
pour ses positions piétistes. Il insistait, tout comme HAUGE et GISLE, sur la repentance et
l’expérience personnelle du salut, la piété, les études bibliques et la prière. Ce fut un autre
mouvement de réveil qui s’opéra aux Etats-Unis à cette époque. Plusieurs communautés
indépendantes se créèrent. Elles tissèrent des relations à travers un journal, le Broderbandet
(frères en bandes), créé par le pasteur K.O. LUNDEBERG.
En décembre 1900 à Milwaukee (USA), à l’issue d’une assemblée de ces églises indépendantes,
les délégués décidèrent de la création d’une Eglise : The Church of the Lutheran Brethren of
America (CLBA).

Les caractéristiques de cette Eglise se résument en ceci : elle est luthérienne sur le plan doctrinal
et évangélique pour manifester sa priorité d’évangéliser les non-chrétiens ; elle est également
piétiste et congrégationaliste, c’est-à-dire que chaque paroisse est autonome dans sa gestion.

En définitive, la CLBA est très influencée par le piétisme qui est né en Allemagne au 18e siècle
et qui est « une réaction contre la froideur d’une Eglise qui aime les cérémonies et les honneurs,
qui insiste sur la doctrine juste, mais qui néglige l’engagement personnel
». La CLBA est aussi
une Eglise qui insiste sur la conversion ; une vie chrétienne sincère et une prédication ardente.
La formation des cellules de prières, d’études bibliques et d’encouragements mutuels ;
l’éducation des enfants, l’engagement des laïcs par la lecture de la Bible, du catéchisme et des
livres d’édification et dans l’évangélisation
sont fortement encouragés.
C’est la raison pour laquelle, nouvellement créée, elle décida d’envoyer des missionnaires en
Chine. Le 07 octobre 1902 les premiers missionnaires arrivèrent en Chine. Dès sa naissance donc,
la Church of the Lutheran Brethren of America (CLBA) se donna pour tâche principale
l’évangélisation des peuples et parmi lesquels les Africains. Un comité chargé des missions
étrangères fut mis sur pied et dénommé « Lutheran Brethren World Missions » (LBWM).

En mai 1916, dans un article paru dans le journal de liaison de l’Eglise, le Président de la CLBA,
E. H. GUNHUS, interpella ses chrétiens par ces mots, à prendre à cœur l’évangélisation de
l’Afrique : « parmi les Norvégiens nous entendons souvent le cri Chine pour Christ. Pourquoi pas
l’Afrique pour Christ ? »
. C’est ainsi que lors de sa conférence annuelle de 1917, la CLBA décida
de l’envoi des missionnaires et de la création d’un champ missionnaire pour l’Afrique, dénommé
« Lutheran Brethren Sudan Mission ». Les premiers missionnaires, REVNE Berge et son épouse
quittèrent les Etats-Unis d’Amérique le 26 novembre 1918 et 16 jours plus tard, ils arrivèrent à
Dakar au Sénégal. Le même jour, ils prirent la direction de Lagos au Nigeria où ils arrivèrent huit
jours après leur départ de Dakar.

Au Nigeria, ils voulurent s’installer à Numan au Nord du pays. Mais la Mission Unie du Soudan,
branche d’Angleterre refusa qu’une autre mission indépendante s’y installe. Suite à cette
opposition, ils quittèrent Numan au Nigeria en mai 1920, dix-huit mois après leur arrivée en
Afrique, pour un voyage d’exploration au Nord du Cameroun et au Tchad. Le but était de voir la
possibilité d’y commencer un travail missionnaire. De Numan, ils se déplacèrent pour Garoua. En
septembre 1920, ils quittèrent Garoua pour Léré au Tchad où ils construisirent leur première
résidence missionnaire. A Léré au Tchad, REVNE Berge écrivit à l’administration coloniale
française pour l’ouverture d’une mission. Le 1er janvier 1921 il reçut la réponse de l’administration
coloniale lui signifiant son opposition catégorique de commencer une œuvre d’évangélisation
. En effet, une présence américaine en territoire colonial français était mal perçue par les français
vu le contexte politique de l’époque, car les Etats-Unis n’ayant pas de colonies ont développé une
politique anti-colonialiste d’où les réserves de l’administration coloniale française vis-à-vis des
missionnaires américains.

Le couple Berge REVNE fut rejoint par un autre couple M. et Mme KAARDAL arrivé à Léré au
Tchad
par la même voie que le premier, en décembre 1920.

Face au refus de l’administration coloniale française d’ouvrir une station missionnaire dans la
région, les missionnaires multiplièrent les demandes attendant dans la prière et la patience.
REVNE Berge entreprit un voyage d’exploration à Yagoua au Cameroun. De retour de Yagoua,
le couple REVNE partit à Douala pour rencontrer le Gouverneur du Cameroun. La réponse du
Gouverneur qui parvint plusieurs mois après fut négative. KAARDAL et son épouse de leur côté,
firent un voyage d’exploration dans l’actuel Nord, l’Adamaoua, la République Centrafricaine et le
Sud du Tchad. Ce ne fut que le 21 mai 1923 qu’ils reçurent l’autorisation officielle d’ouvrir une
station missionnaire à Yagoua au Cameroun
et celle de Léré au Tchad suivit par la suite. Ils
se mirent immédiatement au travail, ayant eu le temps pour apprendre les langues locales. Les
premiers convertis furent baptisés à Léré en mars 1927 et au Cameroun en mars 1930, c’était à
Bosgoï non loin de Yagoua. Le champ missionnaire de la MFL était à cheval entre le Cameroun
et le Tchad.
Après l’ouverture de la station de Yagoua en 1923, d’autres stations virent le jour sur toute
l’étendue du champ missionnaire de la MFL. Nous citons entre autres Garoua (1941), Pouss
(1942), Kaélé (1942) ; Mogodé (1950) et Dourbeye (1950).
Le nombre des missionnaires continua
à augmenter, de 1920 à 1970, 52 missionnaires y ont travaillé. Au côté de la MFL, d’autres
missions protestantes et catholiques se sont installées. Parmi les missions protestantes : la Mission
Norvégienne installée à Ngaoundéré en 1925
, la Sudan Mission à Mboula près de Meiganga en
1923, la Mission Baptiste Européenne (MBE) installée à Dagaï en 1955, la Sudan United Mission (SUM) branche suisse, installée à Soulédé–Mokolo en 1949 et la mission adventiste installée à
Dogba en 1930.
La Mission Catholique commença son travail en 1946 à Garoua et à Ngaoundéré
avant de s’étendre un peu partout dans les trois régions administratives du Nord actuel du
Cameroun.

Le choix du Nord-Cameroun comme champ missionnaire par la MFL n’a pas été un fait du hasard.
Plusieurs faits ont concouru à ce choix. En effet, à l’arrivée des premiers missionnaires pionniers
de la MFL, un vaste champ missionnaire s’offrait devant eux dans le territoire appelé à l’époque
Soudan, c’est-à-dire l’Afrique au sud du Sahara particulièrement l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique
Centrale.

Toute l’Afrique Occidentale française, une grande partie du Nord du Nigeria, tout le grand Nord
du Cameroun, tout l’Oubangui-Chari
aujourd’hui la République Centrafricaine et le Tchad étaient
encore des territoires inoccupés par des missions chrétiennes. La question n’était pas où trouver
un champ missionnaire mais comment en choisir un. Pour arriver à ce choix il y a eu plusieurs
étapes.
La détermination de la MFL de créer une mission indépendante en Afrique au nom de la CLB
montre son désir de créer une Eglise en Afrique qui reflète l’image de celle de l’Amérique, c’est-
à-dire beaucoup plus piétiste.
Dans l’évolution du travail de la mission et d’implantation des communautés chrétiennes locales,
la gestion de ces églises locales sera confiée aux Pasteurs et aux Catéchistes qui ont beaucoup
œuvré pour l’expansion de l’Eglise Fraternelle Luthérienne du Cameroun d’abord sur l’étendue
du grand Nord Cameroun, ensuite sur l’ensemble du pays. La Mission continuera son œuvre de
manière parallèle jusqu’aux années 1990 avec la fin de la mission au Cameroun.
La formation d’une Eglise nationale est survenue avec l’indépendance du Cameroun et a
commencé à prendre forme sous l’initiative des chrétiens eux-mêmes.
En effet, peu avant les indépendances du Cameroun et du Tchad, des chrétiens de la MFL et plus
particulièrement des chrétiens de Léré (Tchad) et ses environs, s’étaient rendus au Nigeria pour
diverses raisons. Dans le pays d’accueil, ils constataient que les chrétiens nigérians étaient déjà
organisés en une structure indépendante de la mission. De retour chez eux à Léré (Tchad), ils
initièrent une telle structure qui regroupait les chrétiens Moundang des différents villages. Ils
formèrent un bureau dont le Président était BONEBE Daniel.
En 1955, ils invitèrent les chrétiens qui se rattachent aux stations missionnaires de Yagoua et Kaélé
au Cameroun, Djouman au Tchad à une réunion dans un village Berliang, près de Léré (Tchad).
Au cours de cette réunion où aucun missionnaire n’assista, des questions d’évangélisation de leurs
régions respectives furent discutées.
De retour chez eux, les chrétiens issus des tribus environnantes des stations missionnaires de
Yagoua et de Djouman se rencontrèrent à leur tour à Djouman la même année (1955). A cette
rencontre, ces chrétiens discutèrent de l’évangélisation et des problèmes de société. MOKSIA
Jérémie fut le Président de cette seconde structure.

Deux structures nationales se sont donc constituées l’une autour de la station de Léré (Tchad) et
l’autre autour de station de Yagoua (Cameroun).
En 1957, une première grande rencontre regroupa les représentants des chrétiens des deux
structures à Yagoua (Cameroun). Une plus grande structure au-dessus des deux autres fut instituée.
Ce fut la première rencontre d’une Eglise nationale naissante. Le responsable des chrétiens de
Léré,
BONEBE Daniel fut élu président de cette première assemblée générale.
En mars et avril 1956, les missionnaires avaient regroupé quelques responsables locaux
(catéchistes) à Mogodé près de Mokolo pour un séminaire de formation au cours duquel ils avaient
été testés en vue de la formation pastorale.
Un test de recrutement pour la formation de la première promotion des Pasteurs fut lancé le 15
mars 1957 à Garoua
et la rentrée officielle eut lieu la même année. L’Ecole commença à Garoua
avant de s’implanter définitivement à Djidoma / Kaélé.
Le cours se donnait en Foulfouldé suivi
d’un cours de français. La première promotion avait 8 étudiants. Il y avait YERBE Thomas (Laka),
MOKSIA Jérémie (Massa), KONA Joseph (Massa), HOULI Daniel (Massa), GANA Philippe
(Mesme), DARNA Peter (Toupouri), BALAM Jack (Toupouri) et AZAO David (Mousgoum)
. Il
est à noter que les deux derniers n’ont pas achevé leur formation. M. AZAO en particulier, a été
appelé pour être Député à l’Assemblée nationale fédérale de l’époque. Et c’est en 1958 que
commença la construction des bâtiments de l’Ecole Biblique Centrale (EBC) à Djidoma/Kaélé.
La conférence qui regroupait les représentants des chrétiens de Yagoua et de Léré va se poursuivre
chaque année, une année au Cameroun, la suivante au Tchad et ainsi de suite. Du 04 au 05 mai
1962, pour la première fois, 19 délégués
représentant les chrétiens de toutes les parties du champ
missionnaire de la MFL avec tous les premiers pasteurs africains ainsi que les missionnaires se
rencontrèrent à Djidoma (Kaélé). C’est ainsi que l’Eglise Fraternelle Luthérienne prit corps. Elle
prit d’abord le nom d’Eglise Fraternelle Luthérienne en Afrique puis Eglise Fraternelle
Luthérienne du Cameroun et au Tchad.
Les premiers Statuts et Règlement Intérieur de l’Eglise
furent adoptés le 07 mai 1964 lors de l’Assemblée Générale de l’Eglise Fraternelle Luthérienne
du Cameroun et au Tchad tenue à Yagoua. Ces premiers textes de base de l’Eglise furent préparés
par un comité comprenant trois Pasteurs africains et un missionnaire. Il s’agissait de
MANIKASSET Philippe, YERBE Thomas, MOKSIA Jérémie et Roy ERICKSON.
En 1962, le gouvernement Tchadien promulgua une loi selon laquelle toute organisation
tchadienne doit avoir des leaders tchadiens. C’est la raison pour laquelle en 1963, deux synodes
nationaux virent le jour, celui du Cameroun et celui du Tchad. Mais l’Assemblée Générale unique
qui les regroupait s’est poursuivie jusqu’en 1982 à Pala (Tchad), où pour des raisons politiques les
deux synodes se séparèrent.
En 1991, a eu lieu la signature d’un accord d’intégration de la MFL dans l’Eglise Fraternelle
Luthérienne pour le cas du Cameroun.

Source: TDR du Centenaire de l’EFLC du 17 au 23 mars 2024

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Comments

  1. Goutsoumou David : décembre 3, 2023 at 11:05 pm

    C’est pour la toute première fois que nous lisons véritablement l’histoire de notre Église.

    Je suis ravi et bravo au comité d’organisation pour ce recoupant de l’information.

  2. GALDAVIKEWEÏ Joseph : décembre 17, 2023 at 1:17 am

    Très content d’avoir découvert Comment est née l’église Fraternelle Luthérienne du Cameroun

  3. C’est vraiment important. Nous remercions le comité d’organisation pour l’historique de notre Église. Bravo, soyez richement bénis, au nom de Jésus !

  4. Bonjour ! c’est ma toute première fois de lire l’histoire de notre église je suis vraiment ravie de lire cette histoire qui m’a beaucoup donné des connaissances profonde sur l’eflc .
    Bravo aux missionnaires qui ont œuvré pour le salut des âmes
    Bravo aux comités d’organisation du centenaire
    Shalom !

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